En avril, on ne se découvre pas d’un fil ! De toute façon j’écris l’article en mai, comme d’habitude le stagiaire est à la bourre et le temps c’est pas du tout ça. On a tous envie d’aller se baigner et de se foutre à poil, qu’est-ce que vous voulez, y’a plus de saisons ma p’tite dame !
Donc même si on ne va pas à la plage et l’on ne peut se dévêtir, faute de vacances, on peut tout de même découvrir (très grosse blague !) ce mois-ci : Cyril Pedrosa et son album « Portugal », et oui, il fait beau, il fait chaud, autant vous emmener dans le sud !
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| Cyril Pedrosa, la tête dans les nuages... |
Cyril Pedrosa est né le 22 novembre 1972 à Poitiers, le ciel était gris ce jour-là, le vent cognait sur les vitres de l’hôpital … mais ça tout le monde s’en fout, ce qui nous intéresse c’est son parcours ! Et oui parmi les auteurs déjà cités dans ma chronique Cyril est le seul à avoir fait la prestigieuse école des Gobelins (sur Paris) où il a étudié le dessin animé. Il en ressort avec des bases solides tant dans l’animation que dans l’illustration et se dirige chez Disney, où il décroche un poste d’intervalliste de 1996 à 1998. Mais qu’est-ce donc un intervalliste me direz-vous ! Et bien c’est tout simple : dans l’animation vous avez l’animateur clé qui dessine les images importantes et l’intervalliste, dont le travail consiste à dessiner les dessins manquants pour la fluidité de l’action. Il complétera notamment, avec cette activité, les rushs du Bossu de Notre-Dame. Mais notre Cyril ne s’arrêtera pas là, de promotion en promotion il devient très vite assistant-animateur et travaillera par la suite sur la production d’Hercule. Il rencontre ensuite David Chauvel avec qui il collabore sur sa première série de bande dessinée : « Ring Circus » de 1998 à 2004 (que je recommande chaudement). Bref Pedrosa est un auteur et dessinateur accompli qui nous l’a prouvé maintes fois de par ses publications : « Trois ombres » chez Shampooing, « Shaolin Moussaka » chez Delcourt, « Auto Bio » chez Fluide Glacial, et bien d’autres !
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| Simon, perdu. |
Mais abordons donc le livre de ce mois-ci : « Portugal ». Paru en septembre 2011, l’album nous raconte un moment charnière de la vie de Simon Muchat, auteur de BD fictif, plongé dans la morosité de son quotidien. Simon a deux travails, il écrit et dessine des BDs et anime des séances de dessin dans des établissements scolaires. Seulement voilà, il est atteint du syndrome de la page blanche, son travail avec les enfants ne l’intéresse plus et sa relation avec sa copine, Claire, n’avance pas. Un voyage au Portugal, dans le cadre d’un festival promouvant ses livres et le mariage de sa cousine par la suite va être le déclic pour ce jeune auteur. Entre nostalgie et famille portugaise Simon va retraverser sa vie de long en large, ses choix et son parcours, saura-t-il ressortir la tête de l’eau ?
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| Une planche, tout en couleur ! |
Parlons peu mais parlons bien. Je n’ai jamais été fan de ses pseudos récits autobiographiques parlant des amourettes d’untel, des choix de carrière de machin ou du comment vit-on quand on a eu une enfance malheureuse. Non, là c’est autre chose, déjà par la légèreté avec laquelle l’auteur nous emmène dans cette histoire, on est littéralement plongé dans la vie de ce Simon Muchat, on ne partage pas, on vit avec lui, et ensuite par le réalisme du récit. Mais c’est également plus que ça, c’est des rencontres, bénéfiques ou non, c’est des personnages bien atypiques, des situations familières et une histoire emplit de poésie. C’est simple, Portugal c’est juste une tranche de vie, mais c’est LA tranche, le filet assaisonné à la perfection, celui que l’on dévore tout seul du début à la fin. Et on rajoute par-dessus un dessin délicat, à la limite de l’aérien, et une couleur direct pour certains passages (notamment le voyage au Portugal), qui donne une dimension vraiment spécifique à l’album.
Pour finir Cyril Pedrosa m’a déjà bluffé dans le passé (voir les séries citées avant) mais là c’est autre chose, c’est le travail de l’auteur qui devient poète, du dessinateur qui devient artiste. Portugal c’est une œuvre conséquente mais il fait partie de cette catégorie qui se lisent en une seule fois, alors profitez-en !
Portugal - One shot - De Cyril Pedrosa - Aux éditions Dupuis, Air Libre - 250 pages
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