Azimut
Tome 1 : Les aventuriers du temps perdu
Avec Wilfrid Lupano à la plume et Jean-Baptiste Andréae au pinceau
Le monde de Ponduche est étrange, fantastique et n’a ni queue ni tête. Entre libellules mémorantèles, cigognes métalliques, Saugres et autres espèces burlesques toutes les minutes comptent. Chaque habitant redoute le moment où l’arracheur de temps, légende de l’au-delà, viendra prendre sa vie et faire de lui un vieillard. C’est dans cet univers que l’on retrouve un capitaine de navire, parti à la recherche de nouveaux territoires, avec à son bord un peintre au cœur brisé qui n’a de cesse de représenter celle qui est à l’origine de sa douleur. Après de long mois, le bateau aperçoit enfin la terre mais, au grand désespoir de ce Christophe Colomb déjanté, il se trouve que l’équipage soit retourné sur ces pas. Devenu la risée du royaume, le capitaine apprend, d’après les scientifiques, que le pôle nord à été perdu. L’écosystème s’en retrouve tout chamboulé, les poissons volants viennent s’échouer sur les plages, les oiseaux migrent dans tout les sens et les boussoles s’affolent. Marie Ganza, une voleuse d’une beauté indescriptible, récemment marié au roi, pense, à raison, que le temps c’est de l’argent. Lorsqu’elle croise le peintre revenu de voyage, celui-ci la reconnaît et s’empresse de révéler au souverain sa vraie nature. Elle semble également en savoir beaucoup sur la disparition mystérieuse du nord et les bouleversements qui l’accompagne.
En rappelant l’univers de Lewis Carrol, et plus récemment de la série de bande dessinée « la Nef des fous » de Turf, les auteurs n’ont de cesse de nous surprendre dans cette épopée fantastique. Avec des personnages très extravagants le style du dessinateur colle parfaitement, son travail de mise en couleur nous emmène très facilement à l’intérieur du récit et la légèreté du trait donne envie d’y rester. Connu principalement par sa précédente série « La Confrérie du Crabe », où l’histoire y est beaucoup plus sombre, Andréae s’affirme plus que jamais avec cet album. Pour tout les esprits en manque de fantastique cet « Azimut » sera vous remettre dans le droit chemin, ou vous en éloigner qui sait.
Big Crunch
Tome 1 : Cosmos ne répond plus
Écrit et dessiné par Rémi Gourrierec
Big Crunch c’est l’histoire de Cosmos, le super-héros qui veille sur la capitale française. Dernièrement, sans aucune raison apparente, des émergences, sorte de boule tombant du ciel et transformant un habitant en un monstre incontrôlable détruisant tout sur son passage, apparaissent régulièrement dans la ville de Paris. Les forces de l’ordre, étant incapable de stopper quelque chose de cette ampleur, laissent Cosmos s’en charger. Ce protecteur masqué intervient à chacune de ces manifestations et permet, à l’homme changé en monstre, de retrouver sa forme humaine. C’est dans ce Paris d’aujourd’hui que l’on retrouve trois frères : Virgile, Oscar et Elias qui, en rentrant de l’école, vont trouver leur père inanimé, en costume de Cosmos, dans leur cuisine. Accompagnés de Bria, Une amie de Virgile, ils vont endosser son costume et son rôle de justicier afin d’essayer de comprendre et de stopper ces apparitions étranges qui surviennent à travers la capitale. Dans un même temps nous suivons un journaliste décidé, voulant, lui aussi, percer la cause de ces mystères, enquêtant auprès d’anciennes personnes ayant subit une émergence.
Dès le début de l’album, la ville de New York est attaquée. Un robot monstrueux sous forme d’araignée fait des ravages dans les rues de cette dernière. Le président des États-Unis n’a alors d’autres choix que d’appeler Cosmos à la rescousse. Le film se finit par une happy end et les frangins sortent du cinéma. C’est par ce petit clin d’œil, stéréotypé, aux super-héros américains que l’auteur nous invite à découvrir sa vision de ces hommes aux super pouvoirs. A travers le regard des enfants de Cosmos, Virgile, l’aîné, lycéen réservé, Oscar, play-boy collégien à l’humour débordant, Elias, benjamin de la famille et de Bria, l’auteur nous emmène dans le quotidien chamboulé de nos héros pour notre plus grand plaisir. Avec une narration très rythmée et une histoire qui possède plusieurs grands axes, Rémi fait très fort pour un premier album. Comics à la française, dans la ligné de « Masqué » de Lehman et Créty, cet ouvrage est une très bonne surprise et on a hâte de pouvoir dévorer la suite.
Front Mission : Dog life & Dog style
Tome 1
Scénario de Yasuo Otagaki et dessins de C.H. Line
En 2090, à la suite d’une éruption volcanique, une île s’est créée dans l’océan pacifique, l’île d’Huffman. Sa superficie importante et sa terre fertile en fait un territoire très disputé par les superpuissances mondiale. En effet la zone a été divisée en deux, d’est en ouest, après que les différents gouvernements s’en soit emparés. Deux groupuscules se sont formés : d’un côté L’O.C.U., composé de l’Australie, du Japon et de quelques autres pays asiatique, et de l’autre l’U.S.N., avec Les États-Unis, Le Canada et l’Amérique latine. Un conflit éclate par la suite, obligeant les deux parties a créer une frontière artificielle. C’est dans cette ambiance de début de 3ème guerre mondiale que l’on rejoint notre héros, Akira, jeune reporter japonais sur la chaîne NNTV. Il est envoyé sur l’île afin de remplacer Leona Kurihara, la journaliste censée informer le Japon sur le déroulement de la situation. Après avoir fait connaissance avec son équipe et plus particulièrement Kenichi, le coordinateur local, une première bombe est lancée sur l’O.C.U., la guerre éclate. En suivant distinctement le malheur des habitants du côté est avec les reporters de guerre et la vie du sous lieutenant Kano, pilote de Wanzer(robot de guerre), en plein milieu de la bataille, les horreurs du combat vont être perçus différemment.
Adapté de la célèbre série de jeux vidéo, « Front Mission Dog life & Dog style » ne reste pas une simple adaptation mais bien un récit de guerre à part entière. Rappelant « Akira », cette aventure futuriste nous emmène au cœur de la conflagration mais surtout dans la tête de ces personnages caractéristiques qui en viennent à perdre leur raison. N’étant pas un fan de manga je ne m’attarderais pas sur le style du dessinateur, qui reste classique. On notera cependant une performance bluffante sur le réalisme, côté historique, apportée par le
scénariste.
Les enfants de la mer
Tome 1
Scénarisé et dessiné par Daisuke Igarashi (créé en association avec l’aquarium de Shin-Enoshima)
Ruka est une collégienne, rêveuse, elle a constamment la tête dans les nuages. Au début de l’été elle blesse une camarade de sport, se retrouvant exclue de son club pendant toutes les vacances. Après avoir décidée de passer une journée à Tokyo elle se retrouve sur le port, en début de soirée. C’est là qu’elle voit pour la première fois Umi. Son père, océanographe, mécontent de son action, la prend sous son aile durant ces vacances et lui demande de venir travailler dans l’aquarium dont il a la charge. Elle retombe alors nez à nez avec ce garçon étrange qui semble passer le plus clair de son temps près de l’eau. Par la suite elle fait connaissance avec celui-ci et rencontre également son frère, Sora. Ils lui dévoilent alors leur secret : ils ont tout deux été élevés par des dugongs, mammifères marins, et ne peuvent quitter leur milieu aquatique. Ruka et son entourage vont alors être témoin de phénomènes étranges, des milliers de poissons se mettent à disparaître sans raison dans l’océan et jusque dans les aquariums. Ces évènements seraient-ils liés aux enfants de la mer ?
Récit très poétique, « les enfants de la mer » s’ancre très facilement dans le réel. L’album est ponctué, en début de chapitre, de témoignages divers et variés sur des personnes ayant été témoins d’évènements étranges en mer. La faculté de ces deux frères à se déplacer aussi facilement dans l’eau n’est pas décrit comme un super pouvoir mais bien comme une malchance, on est donc très loin d’aquaman je vous rassure. Le trait de Daisuke, rempli de légèreté et de réalisme, donne au spectateur l’impression de vivre un rêve éveillé et les planches faites de noir et blanc apportent une profondeur au livre et à l’histoire. Le lecteur découvre le monde à travers le regard de Ruka, naïve, et il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
One shot
A la plume, au crayon et au pinceau : Doug Tennapel
Garth est un jeune garçon pas comme les autres. Il va mourir dans quelques mois d’après les 5 médecins déjà consultés par ses parents. Cynique, il garde le sourire malgré ce qui lui arrive et essaye de réconforter sa mère qui est au bord du gouffre. Dans la même ville vit Frank Gallows, chasseur de fantômes. Travaillant pour la Force d’intervention de l’immigration surnaturelle, il se doit de ramener toutes les âmes errantes dans l’au-delà grâce à ses menottes à plasma. Suite à une mission ratée de sa part, Garth se retrouve de l’autre côté, du côté des morts. Frank se fait renvoyé de son travail mais promet à la mère de ramener son enfant. C’est avec Claire Voyante, ancienne compagne de Frank, que celui-ci va atterrir à Ghostopolis afin de secourir le garçon et de rattraper sa bêtise. Mais rien n’est simple dans le royaume des morts, depuis peu, Vaugner, l’ancien mari de Claire, a obtenu la main mise sur les suzerains avoisinants après avoir calmer le conflit qu’il avait lui-même créé. Cet être maléfique a juré de se venger de son malheur et compte bien passer ses nerfs sur nos aventuriers. Garth bientôt mort chez les vivants mais toujours vivant chez les morts essaye tant bien que mal de s’en sortir, et grâce à sa situation, semble développer d’étranges pouvoirs...
Avec un style bien à lui, Doug nous offre un univers fantastique. Son trait particulier, fouillé et ses personnages attachants rendent le récit très simple à lire. On rebutera tout de même sur des passages un peu trop rapide ou des expressions de personnages qui peuvent amener le lecteur à interpréter de mauvaises intentions. L’album reste pour autant très bon, le dessin, qui allie l’amusement avec la noirceur, est très cartoonesque et conviendra plus aux jeunes lecteurs. Rappelons tout de même que Doug Tennapel est celui qui a créer le personnage du jeu vidéo « Earthworm Jim », on peut également retrouver son travail sur la série « flight » réunissant divers artistes du web.
(titre VO : « Beats of Burden »)
Tome 1 : Mal de chiens
Avec Evan Dorkin au scénario et Jill Thompson au dessin et à la couleur
Dans une petite banlieue tranquille, aux Etats-Unis, appelée Sommers Hill, on retrouve les chiens du quartier, formant un groupe soudé. Derrière ces beaux jardins, ces niches magnifiques et ces maisons parfaites, Sommers Hill cache bien des choses. Après quelques rencontres stupéfiantes et des évènements paranormaux, le groupe canin et leur ami, un matou sans maître, sont persuadés alors que cette bourgade renferme bien plus qu’elle n’y parait. C’est donc tout naturellement que cette équipe va alors s’affirmer en tant que brigade d’intervention afin de protéger le voisinage. On retrouve Carl, un hursin sarcastique, le rigolo de la bande, Terry, le terrier sans-gêne, Bégueule le beagle, Cador, husky au grand courage, Dobey, le doberman peureux et le chat, sans-famille, briseur de cœur. Ensemble ils vont devoir affronter des évènements paranormaux et mener l’enquête derrière les mystères de Sommers Hill.
À travers ces histoires découpées, les auteurs nous offrent du grand spectacle. Dans un style très caractéristique, le dessinateur franchit très facilement la frontière du réel pour nous emmener vers le surnaturel. Les planches sont mises en couleur à l’aquarelle et le rendu est impeccable. Le ton et l’allure du récit rendent les histoires très gore, entres fantômes, humains possédés, zombies et grenouille géante, l’univers du paranormal est très bien représenter. On regrette du coup, à la fin du livre, de ne pas l’avoir découvert avant, pour Halloween. À noter qu’un cross over avec « Hellboy » est en cours d’écriture par les scénaristes. Attention lecteur, « Bêtes de sommes » te retournera les tripes ! À écouter de préférence avec un petit « Who Let The Dogs Out » des Baha men.
Daytripper
Au jour le jour, One shot
Fabio Moon et Gabriel Ba à l’écriture et au dessin et Dave Stewart à la couleur.
Au jour le jour
Daytripper suit la vie de Brás de Olivia Domingos, fils d’écrivain, il a le sentiment de vivre dans l’ombre de son père. Chroniqueur dans la rubrique nécrologique d’un journal brésilien, il côtoie la mort tout les jours. A travers de courts chapitres, on découvre la vie mouvementée de notre héros, journaliste puis écrivain, adulte puis enfant, explorateur puis papa. Par ses récits en dent de scie on voyage à travers lui. . Brás est pourtant un personnage comme les autres, n’en déplaise à sa mère qui l’appelle « mon petit miracle». Toutes ses possibilités de vie sont explorées par les auteurs, ce jeune homme, ou ce vieillard, qui joue avec la mort semble avoir un lien très fort avec celle-ci. En partant de cette personne ordinaire, les scénaristes nous offrent une abondance de destins possibles et amènent leur lecteur à se questionner sur la richesse de la vie.
Brás de Olivia de Domingos à respectivement 32, 21, 28, 41, 11, 33, 38, 47 et 76 ans. Il meurt à chacune de ces fois, mais revit ensuite et continue son périple. Le personnage principal est attachant, très fouillé, son entourage, très atypique, rend le récit naturel et juste. Notre homme explore le monde avec son ami Jorge, sa petite amie Olinda, sa femme Ana, ses parents et son fils Miguel qui l’aident a avancer. Le trait du dessinateur est magnifique, très réaliste et nous permet de nous confondre avec ce héros qui n’en est pas un. La couleur apportée par Dave rend le récit envoûtant et nous tient en haleine durant cette aventure. Une œuvre menée de mains de maîtres par des auteurs à suivre de très près.
Samedi soir nous avons eu le plaisir d’accueillir le jury afin qu’ils décernent les prix de ces Utopiales 2013.
Le prix de la meilleure bande dessinée de science-fiction (décerné par un club de lecteur dont Jean-David Morvan était le président cette année) revient à :
-Daytripper, de Fàbio Moon et Gabriel Bà
Et le prix spécial du Jury de bande dessinée de science-fiction (décerné par le public) revient à :
-Big Crunch, de Rémi Gourrierec
Quand à moi mon podium était très proche (Je l’ai réalisé avant la remise des prix) :
En première position : Big Crunch
Deuxième : Daytripper
Troisième : Bêtes de Somme
Quatrième : Azimut
Cinquième : Les enfants de la mer
Sixième : Ghostopolis
Et en septième et dernière position : Front mission dog life & dog style
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