30/03/2014

Un Aâma de tout

La couverture du premier album 
Hello, hello ! Gentes dames et damoiseaux ! En cette fin du mois de mars j’ai le plaisir, l’immense honneur que dis-je le privilège de vous faire découvrir une série magnifique et un auteur qui l’est encore plus : Aâma de Frederik Peeters.
Trois tomes sont parus à ce jour aux éditions Gallimard, l’histoire n’a pas encore touchée à sa fin et la suite se fait attendre !














L'unique : monsieur Peeters !
Je ne vais pas cacher le fanboy que je suis du travail de l’auteur : Frederik Peeters. Après avoir découvert sa première série : « Lupus », il y a quelques années, ça a été une grosse claque !  J’ai eu la chance de connaître son parcours dans le milieu du neuvième art à travers une table ronde aux Utopiales 2013 en novembre dernier, voici mes quelques notes. Né à Genève, Peeters se dirige vers la communication visuelle après son Bac, diplômé de l’ESAA il fonde une maison d’édition, réunion de fanzineux, au début des années 90 : Atrabile (toujours sur Genève). Au bout de quatre années il sort l’Album avec un grand « A » qui va le propulser devant la scène de la BD franco-belge : Pilules Bleues. Cette œuvre c’est un bout de sa vie, sa rencontre avec sa compagne atteinte du sida, des thèmes universels abordés simplement à travers un récit touchant, humain. Ce qui fait son succès fait aussi le succès de sa maison d’édition (Atrabile), il publiera par la suite sa série « Lupus », en quatre tomes, « Château de sable » en collaboration avec Pierre-Oscar Lévy au scénario puis se dirige vers d’autres : « Koma » chez Les Humanoïdes Associés, « Pachyderme » chez Gallimard … . Ses influences sont classiques, il commence par recopier les albums de Tintin d’Hergé et se dit monomaniaque du reporter à la houppette. Il découvre, à l’adolescence, le dessin de Moebius puis la série Akira qui joueront sur son futur style. Il côtoie Joan Sfar, qui le dirige vers une collaboration avec un flic du nom de Pierre Dragon (pseudonyme bien sûr) avec qui il écrira la série « RG » (deux tomes). Frederik Peeters à l’habitude de travailler en improvisation sur la plupart de ses bouquins, pas beaucoup d’écrit, une histoire qui se construit au fur et à mesure du dessin et non en amont et pour cela il est bluffant !
Une autre de ses séries : KOMA
Mais parlons maintenant de notre BD du mois : Aâma, prévue en quatre volumes, trois parus à ce jour. Aâma c’est une série de science-fiction et récit initiatique dans la veine de la série « Lupus » avec des questionnements et un récit plus denses. On suit les pas de notre héros : Verloc Nim, un homme d’une autre époque perdu dans ce monde futuriste. Il noie son chagrin dans le « shia », une drogue qui lui fait oublier sa femme partie et sa fille qu’il n’a plus le droit de voir. Propriétaire d’une librairie après la mort de son père il se fait entuber et perd son commerce. C’est son frère, Conrad, qui, après un réveil difficile de Verloc, va l’aider à se remettre sur pied. En effet Conrad travaille pour la compagnie biorobotique appelée Muy-Tang Corporation et doit effectuer un voyage vers la planète Ona(ji) pour reprendre contact avec un groupe de scientifiques. Verloc et le robot de Conrad, Churchill, l’accompagne dans sa mission.
Un trait sûr, fin, pour des décors magiques
« Ne commence pas à être ironique, s’il te plait. Nous savons bien que le favori, c’était toi … le poète … le rêveur … l’indépendant … celui qui reprend la flamme paternelle. » (Conrad parlant à Verloc)
Aâma c’est un scénario de science-fiction qui parait basique quand je le résume comme ça sur quelques lignes et pourtant le travail de Peeters c’est beaucoup plus. Sur un fond de récit initiatique il emmène ces personnages à dépasser leurs limites, rendant chaque protagoniste très marqué par une histoire, un passé. Les décors sont magnifiques, le trait de Peeters est un de mes préférés, sans fioritures, simple, avec une maîtrise de l’encrage et de la couleur (très basique)  inimitable. Je ne sais pas si c’est son but, mais on fait très vite fit du dessin pour s’imprégner réellement dans l’histoire comme si ses traits, ses couleurs étaient plus un prétexte pour raconter un récit beaucoup plus profond, aborder des sujets comme l’image du père, les relations fraternelles, les nouvelles technologies et leurs effets néfastes sur l’homme… . Mais ce qui me plait vraiment chez Frederik Peeters, en plus de tout ce que je viens d’énumérer, c’est la simplicité de l’écriture pour la complexité de l’univers. Il crée ce monde futuriste sans préambule, sans notation pour le lecteur (tel planète possède tel faculté ou tel personnage est affilié à un tel), sans expliquer les procédés scientifiques ou psychologiques de son nouveau milieu et pourtant on suit le récit du début à la fin sans s’arrêter sur des mots comme « polyplasticité », « shia » ou le fonctionnement étrange du robot Churchill. Peeters c’est un conteur, un auteur qui, en quelques lignes, nous transporte dans un univers totalement inconnu, mais qui pourtant semble familier.
Lupus, ouvrez-le vous ne le regrettez pas !
C’est pour toutes ces raisons, donc, qu’il faut absolument lire ce grand monsieur de la bande dessinée et si je conseille sa série « Lupus » pour les plus sceptiques, c’est sur « Aâma » que son travail prend une ampleur démesurée !

Aâma - Trois tomes parus (prévu en quatre) - De Frederik Peeters - Aux éditions Gallimard - 84 planches par album







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