30/04/2014

Je ne suis pas un héros !!!

Ce mois-ci nous allons découvrir un trio d’auteurs qui fonctionne à merveille, le premier est un conteur d’histoire un peu barbu, le deuxième un dessinateur né à Annecy, le troisième un coloriste de talent et le tout nous donne un magnifique album, aux éditions « Le Lombard » au sein de leur collection « signé » j’ai nommé : «  Nous ne serons jamais des héros » !












Avant de rentrer dans le vif la collection en question : « signé ». Les albums rentrant dans cette catégorie se veulent plus réfléchit, plus adulte. Par quelques traits leurs auteurs nous font comprendre qu’ils nous livrent ici une histoire personnelle, sous forme de roman graphique. La collection « signé » se veut exigeante de par les œuvres qu’elle publie et tient son engagement pour éditer des albums qui sortent de l’ordinaire.
du sujet et de vous embarquer dans cette histoire qui nous fait voyager aux quatre coins du monde je vous invite à découvrir
Et après ce petit paragraphe de premier de la classe (oui j’adore cette collection !) on va passer rapidement sur les auteurs de cette histoire puisqu’ils sont trois cette fois !
Olivier Jouvray dit le barbu
Le scénariste de ce petit chef-d’œuvre c’est Olivier Jouvray. Olivier passe un diplôme de culture et communication, sciences du langage, cinéma et audiovisuel (tout ça !) qui le mènera à la création de l’atelier KCS avec son frère avant de se lancer dans l’écriture de scénario. Il se fait remarquer avec sa première série « Lincoln ». Aujourd’hui il donne des cours à l’école Emile Cohl (sur Lyon) et participe à l’organisation du festival de la BD de Lyon.
Frédérik Salsedo dit l'artiste
Frédérik Salsedo quant à lui est le dessinateur de notre histoire. Il se tourne vers l’enseignement que propose Emile Cohl (comme de par hasard !) dont il sort en 2002 pour se diriger vers le dessin animé sur Paris. Il s’essaye à la bande dessinée par la suite, rencontre Nicolas Pothier avec qui il collabore sur la série « Ratafia ». Il intègre ensuite l’atelier KCS créé par les frères Jauvray en 2007.
Greg Salsedo dit le frangin
Greg Salsedo est le frère de Frédérik. Plongé dans des études de commerce après son baccalauréat il s’aperçoit très vite que ce n’est pas son domaine et tente des essais couleurs sur un des projets de son frère. Il entreprend par la suite une spécialisation dans l’infographie puis colorise « Ratafia » (dessin de Frédérik).
Les trois auteurs sont aujourd’hui plus soudés que jamais puisqu’ils collaborent de nouveau sur la série « Au royaume des aveugles », chacun respectant son domaine de prédilection mentionné ci-dessus.
Parlons maintenant de « Nous ne serons jamais des héros » ! Son pitch est court : Mick est un jeune chômeur qui glande sur son canapé. Abonné aux agences d’intérim il attend sa vie. La mort de sa grand-mère le fait se déplacer vers son père, Charles. Individu aigre, acariâtre qu’il ne voit plus trop. Charles est veuf depuis 25 ans, un accident a emmené sa femme et l’a fait grabataire, l’obligeant à se déplacer avec une canne. Ce dernier désire faire un tour du monde et propose à son fils de l’accompagner contre rémunération.
« - Je veux me refaire un tour du monde … partir quelques mois…
Un dessin vraiment agréable
- Un tour du monde ?
- Ça fait vingt-cinq ans que j’ai pas décollé d’ici maintenant que j’ai un peu de fric, il faut que je bouge…
- Mais euh… C’est pas un peu risqué comme idée… Je veux dire.. Vu que …
- Vu que je suis infirme c’est ça ?
- C’est pas vraiment ce que je voulais dire non plus…
- Si… C’est ce que tu voulais dire et c’est pas grave… Parce que t’as raison… Mais je veux le faire quand même, et j’ai besoin de toi…
- Pardon ?
- Faut que je sois accompagné par quelqu’un qui s’occupera de moi, mais je veux pas n’importe qui… Je veux que tu viennes avec moi. Et si tu le fais, je te filerais du pognon en retour…
- Hein ? »
On glande avec le glandeur
Alors, à première vue ça semble être un récit pseudo-autobiographique … et à deuxième vue aussi… en fait c’est un récit pseudo-autobiographique ! Et si j’emploie ce terme de façon péjorative c’est parce que je ne suis pas un fan du genre. Toutes les œuvres que j’ai lu qui se qualifiaient comme telles m’ont plus ennuyé qu’autre chose. J’ai toujours la sensation d’être emprisonné dans une histoire que je ne veux ni lire ni entendre et c’est souvent parce que la plupart ont quelque chose de pauvre ou sont seulement sans fond. Je veux simplement dire par là que c’est extrêmement difficile de raconter une biographie si elle n’est pas intéressante à la base (et encore plus dans le domaine du neuvième art selon moi). Mais c’est pourtant la tendance du moment. On voit fleurir un peu partout sur le net des blogs qui nous relatent les aventures de Cunégonde au marché, ou Cunégonde au téléphone avec sa BFF (best friend forever = meilleur(e) ami(e) pour la vie, mais je pardonne tous ceux qui ignoraient cette abréviation) je trouve ça d’un triste, mais tant mieux si ils ou elles arrivent à capter leurs lecteurs ! Il n’est pourtant pas très dur d’embellir la vérité pour en faire un récit captivant avec un poil d’ambition, et je félicite les auteurs qui ont l’audace de le faire ! Ici c’est le cas. Le scénariste nous raconte la vie de Michaël comme si c’est lui qui la vivait, un récit humain, vrai, avec les thèmes universels de la relation père/fils traités rigoureusement sans tomber dans des clichés du genre, bref une petite « tranche de vie », comme j’aime à les appeler, bien sympathique à lire (voir ma chronique sur « Portugal » de Cyril Pedrosa). Mais si ça n’était que ça ! Le dessin qui s’inscrit plus dans un style cartoon arrive parfaitement à nous faire ressentir la grandeur du récit et la colorisation magnifie vraiment le tout, on se promène sur les pages et on voyage avec nos protagonistes, suivant leurs pas. Bonne lecture donc !

Nous ne serons jamais des héros - One shot - De Salsedo, Jauvray et Salsedo - Aux éditions Le Lombard - Collection signé - 87 pages

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